un arbre, une saison : entretien intuitif avec un saule
Posté le 09/03/2016
Les arbres, souhaitant s'exprimer, savent généralement se manifester pour attirer mon attention. Si tu es un lecteur assidu de ce blog (comment ça « NON » !?), tu te souviens sans doute de ce tilleul qui me faisait de l'œil il y a quelques temps.
Récemment j'ai rencontré un saule pleureur...enfin rencontré... je devrais plutôt dire percutée. Non je n'ai pas percuté un saule; En l'occurrence c'est monsieur qui m'est tombé dessus dans une jardinerie. Difficile d'ignorer son appel dans de telles circonstances !
Bref monsieur vit désormais dans mon jardin ( forcément après une entrée si fracassante dans ma vie) et je lui ai demandé de se livrer en toute intimité. En voici donc la teneur
« Je suis heureux de me sortir de l'enfer, je ressens enfin le frémissement de la vie en moi, la vraie vie. Je sens, je sens tout ce que la vie m'apporte, et je vois aujourd'hui l'horizon. Je sens le frémissement du vent au bout de mes "terminures" . Je sens la fraîcheur de la terre dans mes racines, l'odeur de la brume le matin. J'aime l'idée que bientôt un oiseau me fera confiance et se posera prés de moi. J'exulte en pensant au spectacle qui s'offre à moi, je n'imaginais pas que c'était aussi beau. Je l'avais imaginé, tellement imaginé...
Là-bas (en l'occurrence le parcours classique pépinière-jardinerie) on n'a pas d'identité, on n'est qu'un chiffre (un code-barres) et une valeur (un prix). On grandit dans des conditions effroyables, rien ne nous correspond réellement, on nous trie, on nous jette si on ne rentre pas dans les standards, si on ne part pas assez vite, si on dépasse la limite de fraîcheur présentable... on ne peut pas vivre là-bas, on ne peut qu'espérer (sortir de là).. Et on ne sait jamais où on vivra (dans quelles conditions) et si on y survivra. Là-bas, tu perds ton âme. Là bas tu t'étioles, doucement mais surement. c'est une torture lente.»
...parfois la souffrance se cache là où on ne s'y attend pas ...